domenica 27 novembre 2011

Gondar, Leiris, Emawaysh 1: LINK to Regard Eloigne/"LA QUETE IMPOSSIBLE? RIMBAUD ET LEIRIS EN ABYSSINIE(4)"











PASSIM:

"Quand apparaît Emawayish, la fille de Malkam Ayyahou, destinée à sa succession, «princesse au visage de cire, mariée à un homme du consul ita lien», le travail sur les zar devient pour Michel Leiris une véritable obsession, il y plonge comme dans «une mer», « tremper dans le drame de ceux qu'il étudie, de toucher leur façon d'être, de baigner dans la chair vive » Emawayish parait soudain incarner l’ambigüité  et la révélation du sacré ainsi que les figures symboliques et tragiques: qui «hantent les songes» de Leiris et  qui marqueront l’age d’homme ;elle est par sa fragilité, son aspect, à la fois Judith, Lucrèce et la Méduse: «A son allure de princesse se mêle un certain côté succube, à chair molle, moite, froide, qui m'écœure, en même temps qu'il me fait un peu peur ; n'est-elle pas prédestinée ? Et son premier mari, quand il est devenu fou ne se sauvait-il pas de la maison pour s'en aller hurler dans les ruines des  châteaux de Gondar?»
Paradoxalement, Emawayish sera l’absente de l’afrique fantome.Citée comme en passant, elle laissera toute la place à la personnalité de sa mère dans le compte rendu des séances, où Leiris intègre de façon significative et   pour la première fois au sein du journal subjectif, les fiches objectives d’observation.Les « chansons d’amour » qu’elle improvisera seront présentées comme documents ethnographiques, diplomatiquement platonisés par Abba Jérôme. Pourtant elle sera la grande figure poétique qui va réapparaitre comme « néréide de la mer rouge(cf article précédent :Gondar hutte de paille..) » ...
Devant le rituel de possession Michel Leiris apparaît ainsi  comme à la croisée d’un choc contradictoire d’idées.  Il y retrouve sa polarité de la gauche et de la droite A sa «gauche», toute la tradition de la subjectivité et de l'irrationnel qui part de Rimbaud et atteint son apogée avec Bataille en passant par Breton et le surréalisme; à sa «droite», les théories ethnographiques de Durkheim et Mauss dont il se réclame.Comment être et ne pas être dans les deux camps à la fois. Il  agit en esthète et ou  en ethnologue,  rédige des fiches d’observation et  en même temps, mène ses propres recherches «en portant la subjectivité à son comble», soit de manière pratique quand les autres ne sont pas là, soit dans le secret de son journal intime qui deviendra L'afrique fantome.
Leiris est perpétuellement en quête de ce qui a le pouvoir de l'émouvoir, de le sortir de lui-même : c'est ce qu'il attendait de la création poétique telle qu'il l'envisageait pendant sa période surréaliste. Toujours très critique à l'égard de lui-même, de ses impuissances et de ses insuffisances auxquelles il ne parvient pas à se résigner, rêvant toujours d'une autre destinée,

il se laisse emporter par le rituel du culte des ZAR."

Chez M.A

« Emawayish est le secret, grossi de quelques autres avec le temps, sur lequel est construite la théorie du théâtre vécu, théorie par ailleurs nourrie de tous les savoirs de Leiris…..
« Avant que cet amour ne périclite, Leiris enchevêtre les écritures et produit les plus belles pages de son journal. Emawayish et sa mère composent des chansons, les zar se trémoussent en ahanant, et Abba Jérôme, grand maître de l'esquive, dose les mélanges. Tout est dans tout, ou plutôt, chacun en chacun, et Leiris dans son journal en date du 31 août cite une parole d'Emawayish qui est comme une « pique »  (et la conclusion que nous devons à celle-ci): « Est-ce que la poésie existe en France ? Est-ce que l'amour existe en France ?».
(j.mercier : les traversées Ethiopiennes de Michel Leiris.)

[ c'est un essai pas seulement très savant, mais plein d'intelligence et de compassion. il faut le lire et mediter, je crois- et descendre plus profondement dans le nexus d'evenements, emotions, approchements et separations et decouvertes qui eut lieu a Gondar dans la deuxieme moitiè du 1932. GC ]

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